Comment réapprendre à vivre après le cancer ?

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Le cancer et les longs traitements mis en place se vivent toujours comme une épreuve, pour les patients atteints et pour leur entourage. Dans un esprit de résilience et de renouveau, la fin de la maladie doit être abordée comme un nouveau départ. Mais comment réapprendre à vivre après le cancer, tant ce nouveau et formidable défi peut sembler compliqué à faire face ?

Vivre avec le doute, une nécessité

Douter est normal

Lorsque des professionnels de santé annoncent la fin d’un cancer, l’ancien patient est pris entre la joie et le doute.

Car la question du taux de survie reste omniprésente dans la tête, avec cette interrogation lancinante : guérison vraie ou simple rémission ?

Chaque examen de contrôle relance donc ces peurs, légitimes.

Le danger est alors de focaliser son esprit sur ces dates, de vivre sa vie par étapes, de ne plus voir au loin : il ne faut surtout pas que votre prochain scanner soit votre prochaine étape de vie, et rythmer sa vie avec les examens médicaux.

Apprendre à vivre le risque

La crise sanitaire du Covid19 nous a rappelé il y a peu que le risque était inhérent à la vie. On ne peut rien prévoir, on n’est jamais à l’abri des imprévus : vivre, c’est prendre le risque de mourir un jour !

Le débat ayant animé la société nous prouve qu’il faut donc savoir s’adapter au danger en permanence, en fonction de l’évolution de ce dernier. Le risque zéro n’existe pas, et n’existera jamais.

Certes, l’épreuve de la maladie et le taux de survie nous rappellent que notre risque de mortalité dans un temps donné est supérieur à la moyenne. Mais c’est vrai aussi lorsqu’on fait ses courses et qu’un virus comme le Covid19 circule. Il faut donc vivre en acceptant ce risque, tout en faisant son maximum pour le réduire.

Une association comme la ligue contre le cancer, aidant les malades après leur cancer peut d’ailleurs aider à trouver de nouvelles clefs, pour un nouveau regard sur une nouvelle vie, avec un aspect très rationnel.

Vivre avec un organisme affaibli

Des faiblesses physiques ?

La lutte contre le cancer a souvent pour séquelle en fin de traitement des capacités physiques diminuées. C’est lié à la fois à la maladie, mais aussi à sa prise en charge médicale. La fin des soins mis en place ne signe donc pas pour autant une récupération parfaite.

Une intervention chirurgicale peut par exemple avoir des séquelles sur plusieurs mois ; une chimiothérapie peut altérer durablement nos globules rouges, avec de l’anémie et donc de la fatigue ; la radiothérapie peut détruire partiellement des tissus sains…

L’organisme doit donc cicatriser et se régénérer, cela nécessite souvent plusieurs mois. Il faut en être conscient et l’accepter.

Des faiblesses psychiques ?

Toutes les références d'avant le cancer ont été détruites avec l’épreuve de la maladie. Cela implique de repartir sur de nouvelles bases, avec éventuellement des valeurs différentes et une autre vision de la vie.

Ce changement fait naturellement peur. Il peut même induire une forme de paralysie ou de dépression.

Pour certains, il faut aussi un temps d’analyse, pour prendre du recul.

Un travail sur soi-même, avec parfois un support extérieur, s’avère donc nécessaire pour ne pas subir un état dépressif post-guérison, fréquent.

Une vie transformée, à réorganiser

Quelle vie familiale une fois le cancer guéri ?

Ce genre de maladies affecte évidemment tout l’entourage familial, à plus forte raison quand il y a des enfants. Il faut plus ou moins doucement reprendre sa place, en insufflant parfois une nouvelle direction.

À ce moment précis de leur vie, certaines femmes ressentent parfois le besoin d’avoir un enfant : il doit être mûrement réfléchi. La grossesse est le plus souvent possible, malgré une baisse fréquente de la fertilité : le recours à une équipe médicale pluridisciplinaire est conseillé.

Comment reprendre le travail après son cancer ?

L’idéal est de solliciter un avis du médecin du travail, même lorsqu’il n’est pas obligatoire.

Le travailleur se trouve parfois en situation délicate, dans la mesure où il a souvent été remplacé. Si vous ne pouvez pas reprendre exactement votre emploi, une forme de réinsertion professionnelle doit alors s’envisager. Aucune honte à avoir, aucun regret : c’est ça aussi une nouvelle étape de vie.

Il est toujours utile de débriefer ce qui s’est passé en votre absence, de manière à rester réactif et opérationnel.

S’il doit parfois rétablir une relation de confiance avec ses collègues de travail, l’ancien patient doit le faire avec modestie : il est dans la situation d’une période d’essai, mais avec l’expérience d’un ancien !

C’est d’ailleurs l’occasion de faire part de votre nouveau regard et de votre nouvelle vision. Car paradoxalement, vous reprenez aussi votre emploi avec un gros avantages sur vos collègues : vous avez du recul, là où eux ont la tête sur le guidon.

Ce point de vue différent et pourtant expérimenté doit être mis en valeur.

Quelle vie affective après un cancer ?

Le cancer exerce une vraie pression sur le couple, avec des répercussions sur la vie à deux ou la vie sentimentale.

Des duos déjà fragiles peuvent se casser, d’autres au contraire refonder leur amour.

Chez la femme, beaucoup de patientes atteintes estiment leur féminité altérée, d’où des répercussions directes sur la libido : c’est évidemment très marqué après un cancer du sein. Il faut en parler, à son partenaire ou à des professionnels formés.

Inversement, l’homme peut être confronté à des problèmes similaires, avec par exemple une impuissance après un cancer de la prostate.

Retrouver son identité et sa vie de couple implique donc là-aussi un travail de reconstruction et de résilience.

L’ancien malade ne doit jamais oublier que pour continuer à s’aimer à deux, il faut aussi et d’abord s’aimer soi-même.

Apprendre à réinvestir tout son corps

Prendre soin de son corps avec des activités physiques

Ce travail de reconstruction passe par une reconnexion avec son enveloppe corporelle, qu’il faut redécouvrir, avec parfois de nouvelles limites. Le sport au sens large permet à la fois de conquérir de se fixer de nouvelles étapes, de se dépasser, tout en libérant ces endorphines utiles au bien-être.

Partager de tels moments avec d’autres personnes ayant subi la même expérience humaine, au sein d’une association par exemple, est un bon moyen de ne plus craindre le regard des autres sur son corps.

Prendre soin de son esprit avec des activités artistiques

Pour échapper aux doutes et aux peurs, se trouver de nouvelles passions occupe aussi l’esprit : une association permet ainsi de tester différents pistes, pour savoir vers quoi de diriger. S’ouvrir à d’autres univers inconnus, c’est éviter de se scléroser.

Mieux, les activités manuelles et l’art permettent en plus de s’épanouir, en laissant son inconscient s’exprimer. C’est un travail de maïeutique, qui aide à avancer. Car réapprendre à vivre avec le cancer, c’est aussi faire un grand pas dans la connaissance de soi.

 

Pour des lendemains meilleurs.

Comment réapprendre à vivre après le cancer ?