Confinement, les malades du cancer connaissent !
Lorsque le président Emmanuel Macron a annoncé des mesures de confinement généralisé en France, le choc a été terrible : ce 17 mars tombait pour beaucoup comme une date couperet. Pourtant, de nombreux malades se sont demandé en quoi ce mois de mars 2020 allait finalement changer leur vie ? Car faire face à un cancer, c’est souvent aussi une forme de confinement ou d’isolement, qu’il soit demandé par l’équipe soignante, ou vécu de facto par le malade.
Le confinement du malade du cancer, besoin ou nécessité ?
Être coupé du monde, parfois une nécessité
En plus de la maladie, nombre de traitements anti-cancéreux, peuvent affaiblir les défenses immunitaires. Le patient en soins étant alors plus fragile, son cancérologue peut lui demander de s’isoler le plus possible, pour éviter tout risque de sur-contamination infectieuse.
C’est de facto une forme de confinement pour raisons sanitaires, avec des gestes barrières.
Le besoin parfois de se couper des autres
Parfois, ce confinement est aussi un choix personnel du malade, qu’il ne faut ni juger, ni bousculer.
Cette attitude correspond habituellement à un besoin de se reposer, physiquement ou moralement.
Face à une telle épreuve, certains ont aussi besoin d’une forme de solitude, pour faire le point, réfléchir, essayer de prendre du recul.
Confinement physique ou confinement psychique, peu importe finalement : le choix du patient est à respecter, tout en l’assurant d’une totale disponibilité pour un accompagnement.
C’est d’ailleurs le moment idéal pour un support extérieur, neutre et bienveillant, telle une association.
Le confinement change le regard de chacun
Côté confiné, isolement et anxiété
Entre le 23 et le 25 mars 2020, en pleine crise sanitaire, BVA a débuté une enquête, pour réaliser des statistiques sur les conséquences psychiques de la pandémie de Covid-19.
Ces résultats sont visibles sur le site internet de Santé publique France. Les chiffres sont sans appel : 27 % des sondés se disaient dans un état réel d’anxiété, soit le double des chiffres habituels.
C’est une réaction somme toute normale quand votre vie change brutalement, et qu’un danger réel menace votre vie.
Ce sentiment que beaucoup de confinés ont vécu pendant 2 mois, le malade atteint de cancer le ressent constamment : un danger, son risque de cancer « intérieur », plane en permanence sur lui ; sa vie s’interrompt totalement ou partiellement, le temps de la prise en charge et de la lutte contre le cancer, avec un protocole souvent lourd et long.
C’est pourquoi différents organismes, comme l’Institut national du cancer ou la Ligue contre le cancer, insistent pour une prise en charge globale : services de soins oncologiques et soutien psychologique doivent être indissociables. C’est d’ailleurs de plus en plus souvent le cas.
Notons d’ailleurs que ces conséquences psychologiques peuvent durer plus longtemps que le danger lui-même : il y a quelques semaines encore, des confinés n’osaient pas ressortir après le déconfinement, souffrant d’un syndrome anxieux ou dépressif appelé « syndrome de la cabane ».
De la même manière, des patients atteints de cancer mais guéris ressentent souvent après un blues post-cancer, pouvant aller jusqu’à une vraie dépression.
Côte extérieure, une forme de stigmatisation
Les débats autour d’un éventuel déconfinement partiel ont montré aussi comme le regard sur les gens malades pouvait être violent : avec des intentions souvent louables, on a souligné par moments les populations à risques, comme certains départements ou certaines populations avec des critères d’âge.
Les réactions ont bien souvent été violentes, avec un sentiment de discrimination et d’ostracisation.
C’était un peu l’impression de subir la double peine : non seulement « on » est à risques, mais en plus, « on » nous désigne du doigt en nous bannissant du groupe et de la société.
Là encore, c’est un sentiment bien connu des malades en lutte contre le cancer. Car non seulement, ils doivent relever le défi de la maladie, mais en plus ils doivent parfois subir des regards fuyants ou apeurés.
Leur image inquiète.
Pire, ils peuvent même être victimes d’injustices, dans leur vie familiale ou le plus souvent professionnelle. Ils sont parfois obligés de suspendre toute vie sociale, les mettant un temps à l’écart de la vraie vie.
Plus que la double peine, c’est parfois la triple peine.
Finalement, ce confinement mis en place avec la crise sanitaire du Covid-19 a amené chacun de nous à vivre de manière au plus proche d’une maladie grave potentiellement mortelle.
Les émotions que nous avons tous vécues auront donc eu au moins un bénéfice : avoir encore plus d’empathie pour toute personne atteinte d’un cancer, en comprenant mieux le confinement physique ou émotionnel qu’elle doit régulièrement subir.